
Mardi 3 juin 2025. À peine 24 heures après les premières gouttes de pluie, N’Djaména s’est transformée en véritable marécage urbain. Entre les rues englouties, les ruelles devenues canaux et les quartiers qui ressemblent à des lagunes improvisées, la capitale suffoque. C’est dans ce contexte aqueux que le Maréchal-Président Mahamat Idriss Déby Itno, dans un sursaut d’humanité ou de communication bien huilée, a surpris tout le monde en délaissant son convoi présidentiel pour une virée solo à travers les zones sinistrées. De Klémat à Habéna, en passant par le canal de Chari-Mongo, le chef de l’État a pu humer l’odeur de la gadoue en direct, au volant de sa voiture. Un bain de boue improvisé, mais nécessaire ?
La scène aurait pu faire croire à une prise de conscience tardive. Car pendant que le Président s’aventure hors de son palais doré de Djambal Gato, les populations, elles, n’ont ni V8, ni 4×4, ni même routes praticables. Tout est noyé : rues, espoirs et promesses de développement. Chaque saison pluvieuse devient une saison de détresse pour les habitants, otages d’un urbanisme anarchique, d’un entretien urbain inexistant, et d’un système d’alerte qui semble ne prévenir que la fatalité.
Mais la pluie ne lave pas tout, surtout pas les mauvaises habitudes. Où sont passés les maires, ces « responsables » désignés à la loyale par le parti au pouvoir ? Silence radio. Le Maréchal a peut-être vu l’étendue des dégâts, mais saura-t-il voir l’origine du problème ? Le favoritisme, le népotisme, et cette tradition bien tchadienne de confondre compétence avec allégeance continuent d’inonder le système plus sûrement que les orages. Car si l’eau monte, c’est surtout l’incompétence qui déborde.