Depuis des années, les maires qui se succèdent à la tête de la Mairie centrale de N’Djaména ne dorment pas. Des décisions ont été prises pour interdire des pratiques malsaines en vue de l’épanouissement de la ville. Cependant, leur mise en application peine face à la résistance de la population.
« Les lois ne sont pas des loisirs », dit un chantre camerounais ! Ce dicton sied bien dans le contexte tchadien où les plus hautes autorités prennent souvent de très belles décisions mais leur mise en application pose problème. En effet, depuis plusieurs années, les maires qui se remplacent à tête de la ville de N’Djaména ne cessent de prendre des décisions interdisant telle ou telle autre pratique dans les périmètres urbains de la ville. Malheureusement, ces décisions restent toujours des lettres mortes.
Quelques décisions foulées au pied
La liste des actes d’interdiction, pris par ces autorités locales est longue. Mais, quelques-uns suffisent pour s’en convaincre. D’abord, le cas de l’usage des jouets sous forme d’armes à feu par les enfants. En avril 2021, le Maire Ali Haroun en son tempsa interdit la vente de ces jouets, peu avant sa remplaçante, Mme FatiméZara DougaBartchiret. Mais, rien n’a changé sur le terrain. Aujourd’hui, cette pratique se modernise peu à peu et met la population dans la psychose sans précédent. Pire, les enfants utilisent des valves de chambres à air, des rayons d’engins à deux roues, des bûchettes d’allumette et bien d’autres composantes pour faire exploser n’importe où et n’importe comment, surtout à l’occasion des festivités.Ce qui ressemble fort bien à des tirs d’armes à feu et fait peur. Cette pratique qui prend de l’ampleur dans presque tous les quartiers de la cité capitale, a contraint Mme FatiméZara DougaBartchiret, l’actuelle maire de la ville de N’Djaména à réviser la décision prise par son prédécesseur, interdisant ces actes.
C’est ainsi qu’en date du 4 juin 2024, à travers un communiqué radiodiffusé, elle a rappelé qu’il est formellement interdit de vendre les jouets sous forme d’armes à feu et a instruit les autorités en charge de la sécurité à y veiller. Toutefois, la plus grande interrogation qui taraude l’esprit de citoyen Lambda est de savoir, si cet acte sera-t-il enfin, pris en compte surtout qu’on sait que,dans ce pays, il y a des hommes et des femmes intouchables qui respectent aucun texte de la République. Que fera-t-on de ces enfants qui fabriquent eux-mêmes leursjouets ?
Toujours en 2021, notamment le 25 août, le maire Ali Haroun a, par une note n°26, interdit toute divagation des animaux dans la ville de N’Djaména. Mais, où en est-on avec cette décision, pendant que les voies publiques, les grandes artères, les rues et les ruelles de la cité capitale sont souvent prises d’assaut par des chiens, des chèvres, des bœufs, des porcs, etc., rendant la circulationdifficile. Ces animaux causent parfois d’accidents au vu et au su des forces de l’ordre et de sécurité qui n’osent même pas rechercher les propriétaires. Pire des cas et comble du paradoxe, lorsque survient un accident de la voie publique, certains propriétaires de ces bêtes domestiques osent lever de tons contre celui ou celle qui a ramassé oupercutéson animal. Pourquoi la divagation des animaux dans les périmètres urbains continue de plus belle. Pourtant, il y a plusieurs années, des agents de la mairie faisaient le tour de la ville de N’Djaména pour arrêter toutes les chèvres et éliminer tous les chiens qui obstruaient les voies publiques, occasionnant d’accidents.
Et l’occupation anarchique des voies publiques alors…
Une autre décision, non des moindres est celle interdisant l’occupation anarchique des voies publiques par les vendeursetles vendeuses. Cette décision est aussi foulée allégrement au pied.Ce qui a obligé le Maire, Mme Fatimé Zara DougaBartchiret de rappeler, il y a quelques jours, à travers un communiqué de presse, les commerçants à arrêter cette pratique afin de libérer le passage. Mais, déjà, une semaine après ce rappel, rien ne change d’un iota. Les voies publiques sont toujours obstruées par les marchandises. Les agents de la Maire qui font le tour de ces lieux s’intéressent aux taxes. Mais, s’ils renvoient ces commerçants, c’est juste question de quelques minutes, et le cycle reprend. Tous ces commerçants qui sont en train d’être renvoyés aujourd’hui reviendront sans gêne occuper leurs places.
Par ailleurs, il y a quelques jours, l’actuel maire a pris aussi une décision empêchant l’implantation des containers et des kiosques aux abords des voies publiques. Malheureusement, personne n’a respecté cela. Il en est de même pour les tapages nocturnes qui se multiplient aujourd’hui, sous le regard impuissant et complice des autorités compétentes. Bref, à N’Djaména, à chaque trimestre ou semestre de l’année, les autorités communales ne cesse pas de prendre des actes pour contrecarrer certains comportements et pratiques déviants. Toutefois, la mise en application pose un sérieux problème. De ce point de vue, la responsabilité est donc partagée. Jusque-là, la population N’Djamenoise ne cerne pas bien, les questions de citoyennetéet d’esprit civique. D’une part, il revient citoyens de prendre conscience de leur contribution dans le développement de ville à travers des actes citoyens, dans le respect des interdits dictés par la loi. D’autre part, les autorités communales doivent aussi se remettre en cause. Car, certaines décisions sont prises sans mesure d’accompagnement, si bien que les appliquer devient difficile voire impossible. De tout ce qui précède, il est important de veiller au respect des actes pris, en tenant compte des réalités que vivent les administrés. Toutefois, face à certaines pratiques nuisibles, les autorités doivent s’imposer, car la vie humaine en dépend.
Source : Le Visionnaire