« Pendant que j’étais dans les manifestations de rue, avant de sortir de la maison, je faisais ma dernière prière et je descendais, peu importe le danger auquel je ferais face, sachant que je pouvais prendre une balle dans la tête, à tout moment…
Partout où je me trouvais, je faisais des Facebook live, comme preuve de ma présence underground. Je ne dormais pas seulement sur Facebook pour »maudire » les autres, parce qu’ils ne se joignaient pas à mes appels à manifester. Pendant ce temps, beaucoup de gens vaquaient normalement à leur préoccupation, parce qu’ils avaient, qui, une famille à s’en occuper, qui d’autres un travail à préserver, qui d’autres encore des enfants à charge. Chacun tenait à sa vie pour vivre l’après révolution en prenant zéro risque. Très bien.
La dernière manifestation de rue à laquelle j’avais pris part, nous devions marcher depuis le terrain dit Zen Bada au quartier Amriguebé jusqu’à la bourse du travail. Alors que nous étions des dizaines de leaders à appeler à manifester la veille, le jour J, on était trois leaders à être sur le terrain. Trois personnes à marcher pour réclamer des droits et des libertés, dans une capitale qui compte environ 3 millions d’habitants. Jusqu’aujourd’hui, les participants de la lutte par procuration sont eux, les plus exigeants et les plus choqués par la situation du pays. Leur principal souci, c’est comment obtenir des MB pour continuer à entretenir leur changement sur Facebook. De vrais lâ_ches au fait.
Me justifier ? Non, je ne me justifie pas, mais c’est pour qu’ils se la bouclent un peu…
Oui, je reprends le refrain de la chanson : J’ai opté depuis lors de militer autrement. Et pour cela, avais-je besoin de l’avis ou du quitus de quelqu’un ? Non.» François Djékombé