«L’Etat est laïc mais la société, du moins une majorité de ses membres, ne l’est pas. Cest un fait indéniable.
Donc :
1° L’Etat ne doit pas être pris en otage par les religions pour adopter un code de la famille qui serait une compilation des règles religieuses. Ce serait évoluer aux bancs des engagements internationaux qu’il a pris.
2° Il doit par conséquent dégager une règle générale conforme au principe général de la laïcité qui regroupe tous ceux qui, musulmans, chrétiens ou autres, conçoivent leur mode de vie selon les principes laïcs et ne se voudraient se voir réduire à une religion. Ils en existent !
3° La société étant plurielle, et la démocratie voulant que les choix et les libertés de chacun soient respectés, il faut, à côté du principe général, prévoir un droit d’option pour ceux qui, pour des questions intrinsèquement liées à leur foi qu’ils estiment non negociables, pourront de ce fait, par un acte de volonté clairement exprimé, faire connaître le régime optionnel qu’ils auront choisi et le rendre opposable à l’Etat.
4° Il faut alléger le travail du juge qui, actuellement statue en matière civile et coutumière, alors que, de par sa formation, il n’est pas censé connaître les coutumes tchadiennes. Et dans cette optique, il faudrait, comme au Cameroun, ériger des tribunaux traditionnels qui connaîtront, à leur niveau, de toutes les questions pour lesquelles les parties ont opté pour déroger au droit commun. Ceci éviterait la pratique actuelle où on constate des » juridictions parallèles « , érigées ça et là, qui échappent au contrôle de l’Etat et, bien souvent, dans le déni du droit des citoyens à une justice équitable, fondée sur le respect des droits de la défense.»